pour les impromptus littéraires (une heure avant de mourir)

 

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Une heure avant de mourir, qui le sait, à part a posteriori votre biographe ?

 

Sauf bien sûr si vous avez décidé de vous jeter aujourd'hui même sous le 17 h 39.

Ou encore qu'à votre question angoissée "docteur, j'en ai encore pour combien ?" l'homme de l'art n'ait répondu "une heure !", ajoutant possiblement, (si les horaires démentiels que lui impose l'administration n'ont pas encore eu totalement raison de sa compassion) : "mais ne perdez pas espoir, la science avance à grands pas."

 

Ou que la voix qui tient le canon sur votre tempe (fondu raccourci) n'ait annoncé ce timing précis.

 

Mettons.

 

Mettons que vous le sachiez.

"Vaatielma", c'est un postulat, comme disent nos amis Finlandais, qui occupent la longue nuit polaire comme ils peuvent. Eventuellement à la roulette russe.

 

Qu'allez-vous faire ?

Selon votre personnalité, (oui oui, exactement, celle-là même que vous êtes sur le point d'abandonner):

 dans 30% des cas, vous mettre à hurler, 20%, vous jeter à genoux : "pourquoi moi ?" à supposer que vous soyez en état de le faire. 10% de vous allez vous précipiter sur la vodka, da ! qui traine pas loin.

Les 40% restants ne manifestent plus de réaction depuis longtemps.

Bref, rarement quelque chose de bien théâtral et digne d'être rapporté avec admiration par les générations qui vous suivront.

 

Méfiez-vous.

Méfiez-vous des dernières phrases, si vous êtes cabotin jusqu'au bout, ou si vous voulez soulager votre conscience.

Certes : "mon père, je vous avoue, Dante m'a toujours emmerdé" (Lope de Vega) a fière allure, mais encore faut–il avoir sacrément bien répété le rôle, et être assuré d'un auditoire réceptif, et même d'un auditoire tout court.

Il est plus probable que vous allez misérablement avouer : "Marie-Thérèse j'ai couché avec ta soeur " qui risque de vous valoir l'enfer sur terre, on n'est jamais à l'abri d'une rémission.

 

Ou bien rien de spécial.

A 15 heures, Madeleine était passée chez sa fille Martine, ma voisine, lui apporter quelques courses. A 16 heures, elle se pendit dans son hangar. Après avoir décroché et plié soigneusement le linge qui avait séché au soleil, puis tondu la pelouse et rangé la tondeuse, non sans avoir nettoyé et graissé la lame.

 

"é il destino ",  disent nos amis Siciliens en soufflant sur le canon fumant de leur magnum 50.

 

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