Allez écrire quelque chose sur les métiers modernes…l'informaticien, le trader, le correspondant hot line, le chargé de clientèle, ou le responsable des ressources humaines ? à la rigueur un billet d'humeur ou un polar !

 

Où sont passés le maréchal ferrant, la lavandière, le garde champêtre, l'allumeur de réverbère, le bourrelier ? Où sont passés les métiers de Hugo, Dickens ou  Grimm, ceux qui nous font toujours rêver ?


Les mercières, écrivait le cher Alexandre Vialatte, sont des femmes pâles vêtues de couleurs foncées, qui ont de petits magasins dans des rues où il pleut. Elles sont indispensables à la beauté de la femme par le grand nombre de lacets marron qu'elles conservent dans leurs tiroirs à l'abri de tout éclairage. (fin de citation)


Les plombiers sont rarement musclés, exceptionnellement polonais, ressemblent plus souvent à votre beau frère. Ils remplacent d'un air soucieux les robinets qu'ils ont changés il y a six mois. Ils rédigent des factures conséquentes en racontant leur séjour à Ibizza. "Vous gagnez bien plus que moi", dit le médecin au plombier. "Je sais", répond celui-ci, "j'étais médecin, avant."


L'instituteur ayant pratiquement disparu, l'institutrice épouse maintenant un plombier ou un comptable. La littérature affirme au père d'élève qu'il lui doit ses premiers émois. Il finit par s'en persuader. Il essaie donc de fantasmer sur elle, comme le lui affirment les séries télé françaises. Mais il est difficile de fantasmer sur Madame Martineau. Surtout quand on s'appelle Monsieur Martineau.


Le sportif a des deltoïdes spectaculaires. Il pose sur des calendriers luxueux en compagnie d'une serviette de toilette. Les camionneuses sont rares, mais les camionneurs ne dédaignent pas. Il épouse un top model. On lui demande son avis sur Dieu, la politique, la philosophie. Parfois il chante. Il publie un livre confession.


 Voulez vous poursuivre ce petit jeu ?


 

 Cloclo a joué au jeu des métiers

 

Les lavandières sont des femmes aux gros doigts rougeauds, boudinés et creusés par la lessive. Leur corps est gracile, courbé en avant, si bien qu'on ne peut pas savoir si elles ont de fortes poitrines. Elles habitent des lavoirs obscurs qui ressemblent à des sortent de ruches. Leurs voix résonnent aux oreilles délicates et attentives des passants qui vont porter leur linge au lavomatic.  Parfois leur mari possessif et brutal les rejoint, ils peuvent ainsi laver leur linge sale en famille. Les lavandières ont toujours les pieds dans l'eau, surtout au Portugal, où elles ont des jambes très poilues qu'elles cachent sous de larges jupons. Parfois, un enfant en sort et va jouer au ballon avec les gamins de la rue. Les lavandières sont de très bonnes mères, elles ont une propension marquée pour accoucher de jumeaux homozygotes. Principalement des filles. Elles trompent généralement leurs maris avec des médecins anesthésistes qu'elles ont rencontrés à la boucherie du quartier, un lundi de pentecôte. Leur spécialité culinaire, c'est le pollo a la plancha, qu'elles servent généralement avec des lentilles du Puy. Sauf le jour de la St-Médard où elles les remplacent par les cocos blancs du Guatémala, arrosés d'un petit Jurançon.

 

L'informaticien a de tous petits doigts adaptés à son micro portable. La nuit, il pianote sur son oreiller en essayant de ne pas réveiller sa partenaire. L'informaticien a conscience de sa valeur au sein de l'entreprise et ne lève jamais les yeux même quand on s'adresse à lui, il les garde fixés sur une ligne imaginaire qui va bien au delà des limites de son écran. L'informaticien voit tout, sait tout, réfléchit à la vitesse de l'éclair et anticipe les bugs qui pourraient envahir sa machine. Parfois l'informaticien transpire, il s'essuie furtivement du revers de sa manche avant qu'une goutte assassine n'atteigne les interstices de son clavier nickel. L'informaticien a de gros yeux globuleux qui ressemblent un peu à ceux d'un caméléon en extase devant un ascenseur. L'informaticien a un sommeil lourd et sonore, la nuit, il rêve qu'il escalade la voie nord du Mont-Blanc avec une souris géante sur son épaule droite. Et quand il se réveille, son oreiller est trempé de sueur. Il aime les chocorems périmés et les pommes vapeur. L'informaticien a une durée de vie limitée. A cause des progrès galopants de la technique, il se périme très vite.


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