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Le voilà  dans les régions boueuses, à demi enlisé, soutenu par un arbre nu, dépouillé, défolié par l'acide orange qui brûle ; le voilà enlisé, le soldat perdu, dont les idées se liquéfient au fur et à mesure que son cerveau  s'échappe, lui échappe, sous le casque troué, par un trou tout rond au dessus de l'oreille, au travers des cheveux qui collent, sont collés par le sang.


- Regarde mes cheveux, Maman dit-il, ils sont sales, ils sont longs, Maman, regarde mes cheveux ont poussé, si longs si sales, jaunis, ils collent, Maman.

Les copains gisent en silence la face dans la boue, et le grand Bill se balance dans  l'arbre noir, pendu à son parachute blanc qui tressaute en ressorts quand le vent s'y engouffre, dans l'arbre noir où jadis piaillaient des  oiseaux verts .

 

Il a soif, le soldat, parfois il voit le jet d'eau sur la place, des cascades. Le soleil ne brûle pas à la manière du soleil, il tape des coups sauvages  au rythme des pulsations de son crâne. Il crie :

 - Maman les panthères sont sorties des cages, Maman, au secours, Maman.

Mais Maman est assise en silence à broder ses sempiternelles  tapisseries fanées avec des chevaliers et des licornes.

- Maman insiste  le soldat, contrarié !

Des lézards, des scorpions, des serpents grouillent maintenant et montent à l'assaut de ses jambes.

-Maman ! crie encore le soldat, tandis que son corps astral s'envole vers les autres couleurs…

 image picto et  barbouille
 
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