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Les mères datent de la nuit des temps…

Que seraient devenus les hommes s'ils n'avaient pas eu de mères ? L'humanité se composerait d'orphelins. Recueillis par l'Assistance publique, ils se promèneraient par deux, le jeudi, en longues files, sur des routes mouillées, sous la surveillance tatillonne d'une vieille soeur un peu moustachue. Avec interdiction de fumer. Honteux de leur barbe, de leur ventre, de leurs cinquante ans, de leur calvitie. Coiffés d'un béret basque et vêtus d'une capote de couleur bleu marine, avec des boutons d'or.

Vienne la mère, au contraire, tout change. C'est elle qui balaie la cuisine, qui reçoit le facteur et qui achète les poireaux. L'enfant lui doit à peu près tout. De son côté il est tout pour elle…

Soyons sincère: une mère qui n'aurait pas d'enfant ne serait pas
réellement une mère. … Tandis que son frivole mari court le soir les estaminets en chantant des chansons à boire, c'est elle qui allaite l'enfant de son sein, qui repasse son caleçon, qui reprise ses chaussettes, qui lui fait réciter ses participes passés. Elle le gifle quand il oublie; s'il dit des gros mots, elle le fesse. D'un mot elle touche son cœur, elle orne sa mémoire, elle fait de lui un homme accompli.

C'est pourquoi il est bon que l'enfant offre, le jour de la fête des Mères, un petit bouquet à sa maman, ainsi qu'un modeste cadeau proportionné à la somme d'argent qu'il aura pu tirer de son père....

Alexandre Vialatte

Fils des mères encore vivantes, n’oubliez plus que vos mères sont mortelles. Je n’aurai pas écrit en vain, si l’un de vous, après avoir lu mon chant de mort, est plus doux avec sa mère, un soir, à cause de moi et de ma mère. Soyez doux chaque jour avec votre mère. Aimez-la mieux que je n’ai su aimer ma mère. Que chaque jour vous lui apportiez une joie, c’est ce que je vous dis du droit de mon regret, gravement du haut de mon deuil. Ces paroles que je vous adresse, fils des mères encore vivantes, sont les seules condoléances qu’à moi-même je puisse m’offrir. Pendant qu’il est temps, fils, pendant qu’elle est encore là. Hâtez-vous, car bientôt l’immobilité sera sur sa face imperceptiblement souriante virginalement.

Mais je vous connais, et rien ne vous ôtera à votre folle indifférence aussi longtemps que vos mères seront vivantes. Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s’impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis.

Albert Cohen, le livre de ma mère  

  

ça me gonfle l'Adagio d'Albinoni (qui n'est même pas de lui d'ailleurs), emphatique et surligné… il paraît que c'est l'option par défaut. J'aurais pas dû céder sur "les lilas blancs"

Pense au feu, pense au feu, pense au feu…

pense au feu qui purifie.

Il purifie pas, il détruit, néant, nada, place nette ! au feu les livres qui font peur, les tableaux impies, brûlons templiers et sorcières, Dieu reconnaîtra les siens…

Pense au feu, ah c'est beau, c'est exaltant, les flammes, inspirant comme la tempête, éléments majuscules ; et même si on n'est pas Néron, mais seulement un con minuscule, on peut quand même se faire un beau feu à soi, crack la pinède s'embrase !

J'ai connu un pompier qui foutait le feu aux granges pour le plaisir de se mesurer à lui. J'ai connu un curé… mais là c'est la faute d'Albinoni.

Ouf, c'est fini, et voilà que s'ouvre la porte du brasier d'enfer où glisse ton corps si tendre, si généreux, toi la plus merveilleuse, la plus aimée, adieu Maman.

La fête des mères, c'est ici CLIC, les enfants, c'est là CLIC

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