Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,

Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,

Et qui le regardait dans l'ombre fixement *

peinture barbouille

 

Elsa disait :

 je n’aime pas les chats, parce qu’ils ne m’aiment pas.

Ils n'aiment personne.

Ils cherchent à le cacher,

mais c'est le feu des maléfices de la vieille Egypte qui brille au fond de leurs prunelles mystiques,

d'or, d'opale, ou lapis-lazuli.

 

Elsa disait encore :

 dans des vers à douze pieds, à la rime bancale, je me suis noyée dans ses yeux un nombre incalculable de fois.

J'ai cru que j'étais poète.

Mon œil !

 

Pour ses beaux yeux (l'étaient-ils vraiment ? je suis si myope) je me suis fait l'œil de biche, et je me croyais belle.

J'ai pleuré mon rimmel, car il louchait ailleurs.

 

J'ai chanté la beauté des yeux de vache.

Car j'étais un peu folle.

Alors on m'a regardée de travers, en se demandant si c'était du lard ou du cochon. Pourtant, quoi de plus beau et doux que le velours d'un œil de vache, avec ses cils immenses ?

Un œil brun, et si calme que l'on ne peut s'y noyer.

 

J'ai pleuré la candeur qu'on tue dans les yeux d'un enfant, j'ai raconté les yeux injectés de la colère, les yeux fous de la haine, les yeux fous des fous. Et même les yeux fixes dans le faisceau des phares qui grossissent.

 

Je me croyais intéressante, même parfois utile.

 

Je disais que ne voulais pas peindre des yeux, mais des regards, parce que les yeux sont la porte de l'âme.

Car je me croyais peintre.

 

LOL

 

Et puis elle dit :

"et maintenant que je n'y vois plus guère, il me reste, au moins, mes yeux pour pleurer. "

 

Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre

Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,

L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn *

 

* V. Hugo, la conscience. 

 

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