Gunnar Berndtson : la chanson de la mariée, réédition

Gunnar Berndtson : la chanson de la mariée, réédition

Chante, petite caille, te voici parée pour l'offrande, corsetée pour la vie…

Plus jamais tu ne courras échevelée dans les chemins printaniers, plus de genou qui saigne, plus de brassées d'aubépine, plus de jeux  avec les garçons du village. Plus de vélo au bord de la mer, plus de marelle, plus de fous rires.

Ta vie n'est plus à toi.

Chante, petite caille, te voilà prête à rôtir sur le bûcher des conventions…

Content qu'il est, ton papa ! 

De te caser, et d'une, il a quatre filles, le pauvre ! Et surtout de l'union de sa scierie avec le domaine forestier de beau papa.

Chante, petite caille, pour ta mère adorée.

Regarde là, c'est toi dans vingt ans, couperosée, et vingt kilos de plus. Sept enfants aussi. Dont ce crétin de Sven qui croit que tu ne le vois pas ricaner.

Elle aussi avait  la taille fine, ta maman, il y a vingt ans, à cette même place, où elle a chanté "quand passent les cigognes" pour la dernière fois.

Pépé, c'est pas spécialement "les roses blanches" qui l'émeuvent,  il ne supporte pas la musique en général, ça lui rappelle toujours quelque chose. Il a versé des torrents de larmes quand l'oncle Gustav, déjà bien éméché, alors qu'on n'en est pas encore aux alcools forts,  a entonné "la cantinière a du poil aux pattes ".

Heureusement qu'il ne se souvenait plus des paroles. Tous les vieux ont alors repris en chœur "Pom pom pom" pour couvrir sa voix. Et depuis Pépé se liquéfie, lui qui a servi dans le 13ème régiment de Uhlans.

Si tu te retournais, petite, tu verrais l'avenir dans le miroir magique…

En grand uniforme, ton joli mari à la fringante moustache blonde, souriant sur le piano dans un cadre doré barré d'un crêpe noir. Lui que tu aimeras vraiment, bien que ce ne soit pas gagné au départ…

Et puis ta petite fille, enterrant sa vie de jeune fille, braillant "les roses blanches" avec ses copines, sur les genoux d'éphèbes mercenaires… avant un mariage d'amour, qui durera trois ans…

Ne te retourne pas, et  chante, petite, le champagne pétille !

                                   Je crois que foncièrement l’homme est un nomade. L’homme n’est pas un sédentaire. Je crois savoir, mais ce n’est pas prouvé, que le mot « vilain », au Moyen-âge, voulait dire « un homme qui habitait la ville ». Je trouve cela assez bien. Et je crois que l’homme est un nomade, il est fait pour se promener, pour aller voir de l’autre côté de la colline. Je parle de l’homme, du mâle. Je crois vraiment cela.

Et je crois que, par essence, la femme l’arrête.

Alors l’homme s’arrête près d’une femme et la femme a envie qu’on lui ponde un œuf. Toujours. Toutes les femmes du monde ont envie qu’on leur ponde un œuf. Et je comprends cela. Et puis on pond l’œuf. Alors l’homme, il est bien bon… Il est gentil, il calcule infiniment moins que la femme. Je ne dis pas que la femme est méchante, je dis que l’homme est con. Voilà ce que je dis. Et l’homme, il reste près de cet œuf. Et puis, il faut de la paille en-dessous, alors, l’homme, il va chercher de la paille à mettre en-dessous. Et puis, un jour, il pleut. Alors il va chercher de la paille et il lui fait un toit. Et puis après, il y a des courants d’air, alors il bâtit des murs. Et puis après, il reste là.

Et l’homme est un nomade.

Et toute sa vie, un homme normal, je crois, rêve de foutre le camp, d’espèces d’aventures, quel qu’il soit, même si le gars est fonctionnaire depuis 40 ans, quand on le voit un soir et qu’il essaie de se libérer un peu, il vous dit : « J’aurais voulu être pilote, j’aurais voulu être machin… » Tous les hommes ont envie de vivre quelque chose.

Et les hommes ne sont malheureux que dans la mesure où ils n’assument pas les rêves qu’ils ont.

Alors que la femme a un rêve : c’est de garder le gars.

Jacques Brel

 

 

Ma mie, de grâce, ne mettons pas sous la gorge à cupidon sa propre flèche
tant d'amoureux l'ont essayé qui, de leur bonheur, ont payé ce sacrilège…

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main,

ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin.

Laissons le champ libre à l'oiseau, nous serons tous les deux prisonniers sur parole,
au diable les maîtresses queux qui attachent les cœurs aux queues des casseroles ;

à aucun prix, moi je ne veux effeuiller dans le pot-au-feu la marguerite...

De servante n'ai pas besoin, et du ménage et de ses soins je te dispense...
qu'en éternelle fiancée, à la dame de mes pensées toujours je pense

Georges Brassens

physalis, dit amour en cage (source ici  > clic)

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