la dernière rencontre
16 janv. 2011La première phrase est proposée par Vianney
Je suis désolé, Marcelline. Mais je ne pouvais pas prévoir que vous alliez entrer dans ma chambre avec un passe pour faire le ménage. Vous comprenez bien que je doive vous garder avec moi. Vous le comprenez, n’est ce pas ? Vous avez vu mon flingue, et il n’est pas question que vous sortiez. Vous iriez aussitôt piailler dans le couloir. Il ne me reste que quelques minutes, une heure tout au plus. J’ai vu leur voiture en bas. Ils doivent être en train d’explorer les deux hôtels de la place. Donc ça ne durera pas longtemps, Marcelline. Mais j’y tiens, à ces quelques minutes.
C’est pourquoi je vous ai bâillonnée et attachée derrière le lit. Ça n’est pas très confortable, excusez moi, mais quand ils entreront, ils ne feront pas le détail, alors derrière le lit, vous serez plus en sécurité. Je tiens à vous Marcelline. Vous êtes la dernière personne à qui je peux parler.
N’ayez pas peur, je ne vous ferai aucun mal, vous êtes actuellement ce que j’ai de plus précieux au monde. J’espère que vous vous en sortirez, Marcelline.
Vous devez penser que je devrais téléphoner, appeler le standard ? Allons donc, vous pensez bien qu’ils y sont déjà, au standard.
Ou la police avec mon portable ? Me faites pas rire. La police, c’est eux. Mais les sommations et tout le bazar, n’y comptez pas, on n’est pas à la télé. Ils ne feront pas de quartier, moi non plus, je n’ai plus rien à perdre.
Vous ne pouvez pas me répondre, mais cela ne fait rien. Il est probable que si je vous avais rencontrée avant, je ne vous aurais même pas vue. Vous n’avez rien de particulier, Marcelline. Rien qui séduise, rien même qui attire le regard, vous êtes aussi transparente que votre chariot à balais. Sans votre badge, je ne saurais même pas votre nom.
Vous ne devez pas être bien heureuse, Marcelline, n’est ce pas ? Laissez moi deviner. Votre mari vous a quittée il y a bien longtemps, et vos enfants se moquent pas mal de vous, c’est bien ça ? Peut être que vous buvez un petit coup le soir pour le réconfort ? Une vie de merde quoi. J’en voulais pas, moi, de cette vie là. Vous me direz, c’est pas une réussite. Je l’ai même pas eue, la grande vie.
Tiens je vais vous demander quelque chose, Marcelline, vous pouvez pas refuser d’exaucer mon dernier souhait. Vous irez voir Simone Velicci, 3 impasse des Bourdons. Ce n’est pas loin, c’est chez elle que j’allais quand j’ai repéré leur bagnole. Dites lui que j’allais chez elle. Dites lui ça, oui seulement ça. C’est ma vieille. Peut être que ça lui fera plaisir si elle se rappelle de moi. Dites lui qu’il y a un bon paquet de fric dans le sac de la moto que j’ai laissée chez Francis. Elle sait où. Ça, par contre, je suis sûr que ça lui fera plaisir ! J’aimerais vous dire qu’elle partagera avec vous, Marcelline, mais je la connais, cette vieille radine.
Mais j’y pense, dites lui que vous irez à la police si elle ne le fait pas.
Voilà, finalement c’est la chance qui vous a fait entrer dans ma chambre, Marcelline, vous allez pouvoir vous acheter un beau petit appartement ! Après tout, vous êtes la dernière femme de ma vie.