16 Février 2012
pour les Impromptus littéraires
Tu te fous de moi ? dit Jean-Claude en décapsulant une nouvelle bière sur le canapé. Et il me tend le papier que je lui ai remis en arrivant de la gare. C'est quoi ce charabia ?
Je m'assieds et je n'en crois pas mes yeux en lisant ce que j'ai écrit il y a quelques heures :
Ecrit composé sur un sujet de dévotion, de philosophie.
On éprouve de l'affection, de l'amour ou de l'attachement pour quelqu'un ou quelque chose, suite à un événement dont on ne peut expliquer l'apparition, et que l'on ne peut prévoir, au cours d'une activité physique ou intellectuelle exercée dans le but de se divertir, par désir de connaître les secrets des autres,
Pour avoir déchiffré un texte et en avoir compris le sens, les éventualités, dans l'expression donnée par les yeux d'une personne.
Et puis, comme dans la partie la plus basse, la plus profonde, la plus éloignée de la totalité formée du conscient et de l'inconscient,
on éprouve pour la totalité formée de son propre conscient et inconscient beaucoup d'affection, d'amour ou d'attachement,
si quelqu’un éprouve pour vous de l'affection, de l'amour ou de l'attachement, on éprouve pour lui de l'affection, de l'amour ou de l'attachement
En raison de l'accord parfait avec celui des cinq sens qui permet de percevoir les saveurs.
On se bénit, on règle la note d'un repas.
On divise en plusieurs parts les sons d'une ou de plusieurs syllabes qui ont un sens, qui expriment une idée et sont susceptibles d'être transcrits graphiquement.
On prend manière par répétition
de s'adresser de façon réciproque des sons d'une ou de plusieurs syllabes qui ont un sens, expriment une idée et sont susceptibles d'être transcrits graphiquement.
Quand on les a rabâchés pendant une longue durée,
On les rabâche sans faire travailler son esprit, réfléchir, raisonner
Et alors, ô Être suprême, créateur de la Terre, on éprouve de l'affection, de l'amour ou de l'attachement pour quelqu'un ou quelque chose.
Parce qu’on est situé au début de quelque chose.*
Mince alors !
Quand je me suis rendue compte tout à l'heure, dans le train, que je n'avais pas le moindre cadeau de St Valentin pour Jean-Claude, j'ai arraché une page de mon agenda pour lui copier un poème de Paul Géraldy, le seul poème d'amour que je sache par cœur. Avec ce que j'avais sous la main, à savoir le stylo dont je ne me sers jamais, mais que je garde toujours dans mon sac en souvenir de Papa, qui était professeur de linguistique à la Sorbonne.
Méditation
On aime d’abord par hasard
Par jeu, par curiosité
Pour avoir dans un regard
Lu des possibilités
Et puis, comme au fond de soi-même
On s’aime beaucoup
Si quelqu’un vous aime, on l’aime
Par conformité de goût
On se rend grâce, on s’invite
À partager ses moindres mots
On prend l’habitude vite
D’échanger de petits mots
Quand on a longtemps dit les mêmes
On les redit sans y penser
Et alors, mon Dieu, on aime
Parce qu’on a commencé
Papa, dis-je, furieuse, en rangeant le stylo tout au fond du tiroir du bureau, Papa ! Je sais que tu n'as jamais pu blairer Jean-Claude, mais là, tu abuses !
*Avec la complicité de linternaute.com