la véritable histoire de Castor et Pollux

 

- Mais enfin, Choupichou, je t’en ai déjà raconté trois, d’histoires !

….

- je sais, je suis la plus méchante des mamans…

….

- Oui, Papa il est gentil, LUI ! Mais là, IL RONFLE, Papa, ET IL A BIEN DE LA CHANCE !

……

- Bon, la dernière alors, et une petite, on est d’accord ?

Alors ça se passe dans le désert.

…..

Non pas comme d’habitude, là c’est un désert désertique, tu vois, pas de dune, pas de chameau,  pas de soleil ! C’est un désert gris, plat, pas même un scorpion, rien de rien. Ah si, pas loin il y a un creux, là où il y a très longtemps il y avait une mer. Il reste des carcasses de bateaux qui d’année en année retournent à la poussière.

Au milieu…

….

Je ne sais pas au milieu de quoi, Choupichou, t’as raison, on ne  sait pas si c’est le milieu puisqu’il n’y a rien ;  donc là, en plein désert gris, il y a une Yourte.

Yourte Y.O.U.R.T.E.  C’est comme un tipi, en plus triste.

Oui sans les plumes, si tu veux. Parce qu’il n’y a pas d’oiseaux dans ce pays là, à part très très haut, quelques vols de migrateurs qui se pressent de traverser ce désert sans s’y arrêter ; et la poule de Marbishkentska. Si t’es d’accord, on va l’appeler Marie, celle là, sinon ça va nous faire la nuit.

Marie, c’est la femme de Joshkisbergenschk, ça ne te dérange pas qu’on l’appelle Joseph ?

Tous deux, ils habitent la yourte, avec leur poule.

Oui, au milieu de la poussière grise.

Qu’est ce qu’ils mangent ? Bonne question ! Ils mangent du kornebif, en boites. Il y a un gisement de boites de kornebif, dans un des bateaux qui s’effritent, dans la mer qui n’en est plus une, à quatre jours de marche de la Yourte. Ce sont les Jihailles qui les ont laissées là, il y a très très longtemps. Les Jihailles, c’était un peuple de très très grands guerriers qui ont conquis la planète entière,  bien avant que Marie et Joseph n’habitent cette yourte avec leur poule, vois-tu, bien avant la grande explosion qui a créé ce beau désert gris et silencieux


Comment elle s’appelle, la poule ? Alors, tu vois, Choupichou, je m’en fous, mais alors, tu peux pas savoir à quel point je m’en fous ! Non non, pardonne moi mon Choupichou, elle s’appelle... Marlène. Elle pond chaque jour 2 beaux œufs gris, un pour Marie, l’autre pour Joseph.


Ce qu’elle mange la poule ? eh bien, elle mange … les coquilles de ses œufs

Ah oui, c’est très pratique, t’as raison.

On continuera demain ? T’as toujours pas sommeil ?

Alors alors… depuis deux jours Joseph est parti à l’ancienne mer, chercher de nouvelles provisions  de kornebif, et Marie se laisse aller à des confidences à Marlène. Elle lui dit qu’elle se sent bien seule, que Joseph, elle s'en lasse un peu, tout brave qu’il soit, il y a longtemps qu'elle en a fait le tour

….

C’est une expression, ça veut dire qu’ils manquent un peu de distractions... Non ils n’ont pas la télé.

C’est alors que Marlène fixe Marie de ses petits yeux perçants et lui dit

-  " Marbishkentska, ma douce, tu as bien mérité un peu de bonheur. Je suis le génie de la lampe. Oui, j'ai bien morflé dans la grande explosion qui a créé ce désert : ma lampe a fondu et je me suis retrouvé poule. Oh, en un sens c'est moins fatigant, d'autant que j'étais devenu sacrément claustro à la longue. Mais pardonne moi, je parle je parle, tu ne l'as même  pas connue, la Shéhérazade. Fais un vœu, ma douce, que je voie si je suis encore bon à quelque chose.

- je voudrais, je voudrais… un enfant !

- tu es sûre, ma douce ? Qu'est ce qu'il fera dans ce désert, cet enfant ? SANS TELE!

- je pourrai, je pourrai l'aimer, ça emplira ma vie...

 - d'accord !

 C'est alors que Marie entend un sifflement de plus en plus fort, en même temps qu’une lumière violente  balaie le sol gris. Quand la poussière retombe enfin, elle voit une masse sombre en forme de cloche, posée à cent mètres de la yourte.

- C'est quoi, cette chose ? demande-t-elle à Marlène

Mais Marlène fait la poule, elle picore bêtement la poussière où traînent quelques restes de coquille

Une porte s'ouvre dans la cloche posée sur le sol gris. Un bel homme vert  en sort.

Non c'est pas l'abominable Hulk, en fait il est comme… Georges Clooney, mais en vert.

- Bonjour, belle dame, dit-il à Marie, mais comme il parle en Jihaille, elle ne comprend pas. Je viens de Mars, je suis ravi,  c'est tout pareil que chez moi, ici ! Puis je vous offrir le dîner ?

Et le voilà  qui amène dans la yourte  des corbeilles de nourritures exquises : la nuit se passe à manger, à boire, et bien qu'ils ne parlent pas la même langue, Georges-de-Mars et Marie-de-la yourte-du-désert finissent par se comprendre  très très bien.

Hélas, le chant de la poule annonce l'aube, et Georges doit partir

 

Quand Joseph revient, deux jours plus tard, il trouve Marie très gaie, et très affectueuse, et ça lui fait du bien, à Joseph, parce qu'il s'est coltiné un plein traîneau de boites de Kornebif, et il n'ose pas dire à Marie que le stock est en voie d'épuisement.

Mais peu à peu des choses merveilleuses se produisent : voilà que les restes des délicieuses nourritures se mettent à germer dans le cercle bleu laissé sous la cloche de Georges, de jolies plantes bientôt donnent des fruits.

Et dix huit mois plus tard, le vœu de Marie se réalise : elle donne naissance à des jumeaux, ronds et potelés,  aux jolis reflets verts…

T'as de la chance de dormir, mon Choupichou, moi j'ai plus qu'à me taper le repassage, maintenant que je tiens la forme.

 

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