Là bas, c'est le pays du vent...

Là bas, c'est le pays du vent...
 
On aurait poursuivi les nuages.
Là bas, ils courent et ils galopent,
de la mer à la neige, au dessus des pampas.
Sur un petit cheval, à cru, accroché à ton grand père,
tu aurais filé en riant parmi les herbes rêches.
 
Dans un vol de canards sauvages
Tu aurais croisé, peut être, le sourire de ton papa migrateur.
Nous aurions chevauché jusqu'à la mer.
Celle là est sombre et farouche ; elle fouette et elle claque,
puis laisse en gémissant l'écume de sa rage
lécher les rochers noirs, jusqu'au prochain assaut.

Là bas, pas de légende sucrée,
de fées pastellisées, de lutins facétieux.
Que des récits âpres, comme âpres sont les gens,
de chasse et de combats, et de roi fou aussi.
Nous aurions vu le grand condor planer en larges cercles,
Et soudain fondre sur des cités perdues.

A l'aube, près d'un lac bleu marine,
qui renverse les pics blancs,
La terre aurait vibré peut être
du pas lourd d'un dinosaure.

Voilà ce que nous aurions vu,
Là bas, au pays de tes ancêtres,
Manuel mon amour, si tu avais pu naître
Et ne nous étions quittés,
Dans une clinique froide
La veille de mes dix sept ans.
 
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