24 Octobre 2019
Il y a 10 ans, ce blog débutait avec ce texte primesautier comme un soir de novembre...
le revoici en version remasterisée
Dix petites pilules d'oubli font un rond blanc sur l'assiette verte.
La première est pour le ciel bas, il m'écrase et me noie.
Restent neuf.
Neuf petites pilules blanches forment un chapelet sur la faïence épaisse.
Celle-ci sera pour le boulot de merde, ce boulot qui me broie.
Huit.
Huit petites pilules soulignent en arc la pomme fanée sur l'assiette de Maman.
Une pour Maman qui m'a faite orpheline.
Il n'en reste que sept.
Sept petites pilules, je les pousse en montagne pointue sur le dos de la pomme.
Celle du haut, pas parce que tu ne m'aimes plus, mais parce que je ne t'aime plus.
Six.
Six petites pilules en tas informe font une tache blême sur l'assiette ébréchée.
Celle-ci me nargue, elle sera pour Jeannot qui ne m'écrit jamais.
Ça fait cinq ?
Cinq petites pilules au bout de mon doigt dessinent une étoile sur l'assiette si douce.
Une pour Justine qui ne m'appellera pas.
Il n'en reste que quatre.
Quatre petites pilules ne sont plus qu'un carré déplumé au milieu de la pomme.
Celle de l'angle droit pour mon tendre bébé qui n'est jamais né.
Plus que trois déjà?
Trois petites pilules se suivent joliment sur la queue de la pomme.
Je prends... celle du milieu pour oublier que j'ai avalé les autres.
Deux ?
Deux petites pilules blanches sont des moutons troubles sur une pairie verte
Une pour la vilaine figure qui ondule dans la glace .
Une, une, une ?
Une petite pilule que je ne trouve plus dans l'assiette cassée.
Maman, je suis si fatiguée…
image picto et barbouille
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