Joan Miró - Le carnaval d'Arlequin

Joan Miró - Le carnaval d'Arlequin

              accompagné par  le piano de Chico et Harpo Marx

 

   Quand Joan* a décidé de raconter l'histoire de ma vie, il était dans une de ces périodes où il se demandait s'il allait devoir mettre au clou sa collection d'yeux de verre (1, 2, 3, 4).

 

Tout en haut de l'échelle de l'évolution (5) sur laquelle caracolent les neurones (6), il plaçait les majorettes acoustiques (7), qu'il était tenu de citer par contrat, parce que pour manger il travaillait pour audika, qui le payait une misère.

 

 

 

Moi-même, à cette époque n'étais encore qu'une famélique fourmi ailée (8) ; je me produisais dans une boite de Pigalle, le 421, un mardi sur deux, en alternance avec un comique troupier. La bohèmeu, quoi.

Ma guitare, que j'aimais tendrement, s'appelait Victor (9). Victor n'était pas de tout repos : de sa jeunesse anarchiste il gardait toujours une mèche à portée de main (10), prête à allumer ce qu'il appelait ses bombinettes (11), qu'il rangeait dans son sac à main insubmersible (12).

 

 

Hélas Victor fut pris de profonde mélancolie (13) après avoir conçu une grande passion pour un certain Salvador (14), qui un soir lui avait demandé de jouer pour lui "Viens poupoule", et n'était jamais revenu.

 

 

 

 

Il se mit à abuser de la fumette (15), et sa musique, donc la mienne, se rétrécit (16) jusqu'à l'insignifiance. Ce qui fit dire à des critiques du tout Paris, ces hyènes de Omer D. et Lang de P. (17), qu'elle était comparable à la production (18) d'un intestin anémique (19).

 

 

 

 

Pour chasser les idées noires (20), moi qui suis restée fleur bleue (21), je m'accorde le soir ce privilège des bourses plates : rêver à la fenêtre de ma chambrette (22), en compagnie de Nestor, mon ténia apprivoisé (23).

 

 

 

 

Et je me prends souvent à penser à Antoinette (24),  ma chère grand-mère, qui fut cantinière chez les hussards ; à cette heure elle doit être à réparer ses lignes de pêche avec le chat Bismarck (25), près de la table où ses instruments  d'astronomie voisinent avec les reliefs d'un repas frugal (26).

 

 

Cette vision me ravigote, je regarde la lune par-dessus les toits de la ville et je crie

"à nous deux, Paris"!

* Joan Miró - Le carnaval d'Arlequin - clic   Pour Miletune

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PS. quand on sait qu'un Miro mort se vend 20,2 millions d'euros (chiffre 2012), on ne peut que regretter que pour vivre il ait dû vendre sa collection d'yeux de verre.

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PPS. et que moi, petite fourmi famélique, sa muse,  je n'aie jamais reçu un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau.

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